Comment aider une employée à reprendre le travail après une perte de grossesse

Mieux comprendre la compassion et les mesures requises de la part des dirigeants d’entreprises et des organisations pour les employées qui retournent au travail après une perte de grossesse.

L’expérience du retour au travail après une perte de grossesse est différente pour chaque femme. Pour nous aider à comprendre les répercussions d’une perte de grossesse sur le retour au travail des employées, nous avons communiqué avec Sophie Bonneau, M.A., PCC, membre du réseau d’accompagnateurs en style de vie d’Inkblot. 

Mme Bonneau possède et dirige Queen Bee Coaching, une entreprise spécialisée dans le soutien et l’autonomisation des femmes et des dirigeants qui connaissent des moments déterminants et des périodes de transition, comme devenir mère, retourner au travail, commencer à occuper un poste de dirigeant ou intégrer la vie et le travail avec plus de facilité. Elle accompagne aussi les dirigeants et aide les organisations à faire face au changement et à la complexité, en mettant en place des structures qui offrent un environnement de travail heureux et sain. 

Après la lecture de cet article, nous espérons que vous comprendrez mieux les conséquences d’une perte de grossesse, les options de congés payés offertes au Canada, les façons de discuter du deuil périnatal dans le lieu de travail et ce que les dirigeants et les organisations peuvent faire pour soutenir les employées.  

Comprendre les conséquences d’une perte de grossesse 

Selon la revue universitaire La conversation, la perte de grossesse, en raison d’une fausse couche (une grossesse extra-utérine), d’une mort fœtale tardive ou d’un décès néonatal (28 jours après la naissance), a des répercussions physiques et psychologiques importantes sur les femmes et leur famille. 

Mme Bonneau précise: « Peu importe le stade de la grossesse où vous subissez une perte, il y aura des répercussions physiques et psychologiques importantes. Dans certains cas, la mère doit accoucher d’un bébé mort-né et de tout ce qui s’est développé dans son corps. Les mères en fin de grossesse qui subissent une perte de grossesse produiront probablement du lait maternel – les deux situations peuvent être traumatisantes et avoir un impact sur l’esprit et le corps. »

Chaque femme vit ce traumatisme différemment. Certaines des expériences les plus courantes sont énumérées ci-dessous.

Les conséquences physiques d’une perte de grossesse peuvent être les suivantes:

  • Perte de sang 
  • Fatigue 
  • Crampes abdominales sévères, ou douleurs dans le bas du dos
  • Détresse vaginale ou post-césarienne

Les conséquences psychologiques d’une perte de grossesse peuvent être les suivantes:

  • Deuil 
  • Dépression 
  • Anxiété 
  • Pensées suicidaires 

Comprendre les options de congés payés au Canada

Selon Mme Bonneau, après une perte de grossesse, « certaines femmes peuvent se remettre au travail pour se distraire, tandis que d’autres n’ont pas la capacité de se concentrer. Les échéances et les projets prioritaires ne sont pas importants, surtout lorsque les femmes vivent un deuil. De nombreuses femmes ont du mal à respecter ces délais et ces priorités professionnelles, particulièrement lorsqu’elles sont préoccupées par ce qui vient de se passer. »

Dans les cas où les femmes ne sont pas prêtes à retourner au travail mais ont besoin d’un soutien financier, Mme Bonneau explique que « lorsque les femmes subissent une perte de grossesse, il y a certaines circonstances où elles peuvent encore prendre un congé de maternité. Par exemple, si la grossesse se termine sans qu’il y ait de naissance vivante dans les 16 semaines qui suivent la date prévue de l’accouchement, elles peuvent quand même prendre un congé de maternité. Supposons toutefois qu’elles subissent une perte de grossesse au cours des cinq premiers mois. Dans ce cas, elles n’auront malheureusement pas droit à un congé. » Mme Bonneau précise que « si vous n’êtes pas admissible, vous pouvez bénéficier de congés de santé mentale et de mieux-être qui nécessitent une note de votre médecin. Ces congés sont souvent connus sous le nom de congé de décès ou de congé pour dépression et anxiété. Votre entreprise peut aussi proposer des options. » 

Certaines organisations peuvent être en mesure de combiner le congé de décès, le congé de maladie et le congé annuel. Quoi qu’il en soit, Mme Bonneau affirme que « les femmes doivent prendre tout le temps dont elles ont besoin et ne pas se précipiter si elles ne se sentent pas prêtes. » Vous pouvez consulter une liste complète des congés payés sur le site du gouvernement du Canada. 

Comment discuter de la perte de grossesse et éviter les déclencheurs dans le lieu de travail? 

La perte de grossesse peut souvent être l’éléphant dans le magasin de porcelaine. Selon Mme Bonneau, « c’est un défi de discuter de la perte de grossesse dans le lieu de travail, et il y a beaucoup à faire pour développer des pratiques exemplaires pour aborder le sujet. » Elle croit que « nous faisons des progrès étonnants en matière de sensibilisation à la santé mentale, de sensibilité et d’inclusion, et que nous offrons davantage d’espace aux gens pour s’exprimer et discuter de questions de santé, comme la perte de grossesse. » 

Selon Mme Bonneau, les employés doivent faire preuve de sensibilité et envisager de soutenir la journée de sensibilisation au deuil périnatal (le 15 octobre) pour en discuter plus largement. À cette fin, elle recommande aux organisations de surveiller leurs actions, car certaines pourraient causer plus de mal que de bien. Par exemple, dit-elle, « il peut être choquant qu’une organisation fasse quelque chose d’inhabituel, si elle ne parle pas souvent de la santé mentale; cela peut amener les personnes en deuil à se demander pourquoi leur bureau reconnaît soudainement le deuil périnatal. » Mme Bonneau suggère plutôt aux dirigeants d’organisations de proposer des avertissements aux employés qui pourraient être touchés émotionnellement par les groupes de soutien ou les journées de sensibilisation au deuil périnatal présentés au sein de l’organisation.

Nous avons demandé à Mme Bonneau de nous suggérer quelques pratiques exemplaires et les mots à éviter pour soutenir les employées dans le lieu de travail après une perte de grossesse.

Elle suggère des pratiques exemplaires pour soutenir les femmes dans le lieu de travail:

  • Donnez aux femmes l’espace nécessaire pour faire leur deuil. Certaines femmes veulent faire leur deuil en privé et le contenir autant que possible, tandis que d’autres veulent en parler.
  • Soyez attentif au moment propice. Il y a un temps et un lieu pour discuter de deuil périnatal. Évitez les situations de groupe, les situations très stressantes, etc.
  • Écoutez. Il n’y a pas de plus beau cadeau que de se sentir vue, entendue et comprise.
  • Renseignez-vous. Sachez que les fausses couches surviennent dans 1 cas de grossesse reconnue sur 4, et que 85 % des cas se produisent dans les 12 premières semaines de la grossesse.
  • Faites preuve d’empathie. Sachez que le deuil périnatal fait partie de l’expérience d’une personne dans son ensemble, et que plus une personne peut être authentique dans son milieu de travail, plus elle se sentira proche des autres (et sera productive au travail).
  • Organisez un groupe de femmes (identifiées) animé au bureau. Envisagez de proposer un groupe de femmes régulier au bureau, où les femmes peuvent partager et discuter de questions pertinentes et normaliser les expériences communes dans un espace sûr.

Mme Bonneau recommande les mots qu’il faut éviter de dire aux employées qui reprennent le travail après une perte de grossesse:

N’essayez pas d’établir un lien en comparant votre histoire à celle d’une autre. Cela peut être insultant pour la personne qui vit une nouvelle perte. 

Ne faites pas de commentaires pour aider les gens à voir le « côté positif ». Il est important d’éviter les questions et déclarations ci-dessous.

  • « À quel mois de grossesse étiez-vous? » Cette question détermine la profondeur du chagrin que cette personne est autorisée à avoir. 
  • « Au moins, ta grossesse n’était pas très avancée. » 
  • « Au moins, ça n’est pas arrivé après la naissance du bébé. » 
  • « Tu deviendras à nouveau enceinte. Si tu as été enceinte une fois, tu peux l’être à nouveau. » Cela ne valide pas l’expérience de la mère. Peu importe le stade de la perte de grossesse, c’était un enfant.

Ce que les dirigeants et les organisations peuvent faire pour soutenir les employées qui vivent une perte de grossesse 

Les femmes du monde entier qui ont connu un deuil périnatal obtiennent peu à peu la reconnaissance et le soutien dont elles ont besoin de la part des organisations et des gouvernements. Cependant, il reste encore du travail à faire pour que les personnes endeuillées ne se sentent pas isolées et seules, et comme le suggère Mme Bonneau, « les employées ont besoin d’un espace pour faire leur deuil. » Elle ajoute que « les organisations et les dirigeants doivent faire preuve de gentillesse, de compassion et d’attention et traiter chaque deuil périnatal comme tout autre type de deuil. » Lorsque les employées sentent que leur employeur les soutient, elles ne ressentent pas le besoin de précipiter leur processus de deuil. 

Quatre façons dont les milieux de travail peuvent soutenir les employées après une perte de grossesse

Même s’il existe un vaste choix d’options à considérer, vous trouverez ci-dessous quelques mesures simples que les organisations peuvent et doivent mettre en place pour leurs employées. 

1. Fournir un soutien émotionnel ou tangible

Commencez par admettre et reconnaître le deuil. Par exemple, si vous connaissez le nom du bébé, mentionnez-le dans une carte de condoléances ou dans une conversation avec les employées, car cela confirme leur perte. Il est approprié, dans les conversations privées, de demander quel était le nom de l’enfant. Les dirigeants et les organisations peuvent aussi choisir de présenter leurs condoléances, de s’informer des besoins des employées et d’y répondre.

2. Créer un environnement favorable aux employées 

Veillez à ce que les employées se sentent soutenues et moins isolées. Prenez des nouvelles d’elles et soyez attentif. Les dirigeants doivent aussi répondre à leurs besoins, notamment en réduisant leur charge de travail en leur offrant des congés, des heures de travail plus courtes ou une option de télétravail. 

3. Offrir une formation supplémentaire 

Il peut être incroyablement utile, pour les employées qui vivent un deuil périnatal, de proposer des programmes supplémentaires de santé mentale et de mieux-être, comme la Thérapie Inkblot. Pour veiller à ce que les organisations et les dirigeants comprennent comment soutenir leurs employées qui retournent au travail, il convient de chercher et d’envisager une formation et un enseignement plus approfondis pour combler le fossé.

4. Avoir une politique en place

Créez une politique de deuil compatissante pour que les employées endeuillées se sentent à l’aise de retourner au travail. Elle devrait aussi inclure les conjoints (et identifier les pères et les coparents) touchés par le deuil.

Trouver du soutien pour la perte de grossesse avec Thérapie Inkblot

Le réseau de praticiens en santé mentale de Thérapie Inkblot comprend de nombreux spécialistes des problèmes que vivent les femmes, notamment du deuil périnatal. Le système unique de jumelage de Thérapie Inkblot simplifie la consultation d’un praticien. Lorsque vous aurez répondu à des questions, notamment sur vos symptômes, vos facteurs de stress, votre langue et votre religion, nous vous dirigerons vers une page de sélection des fournisseurs où les jumelages seront classés en fonction de leur efficacité et de vos besoins individuels.

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