Ce que vous devez savoir sur la santé mentale et la maternité

Apprenez-en plus sur la relation entre la santé mentale et la maternité grâce aux conseils éclairés d’une praticienne de Thérapie Inkblot.

Saviez-vous qu’il y a plus de 10 millions de mères au Canada? Cela signifie que 10 millions de mères sont peut-être dans le même bateau, se demandant quand elles trouveront le temps de prendre une douche, d’aller seules aux toilettes, de laver la vaisselle, de faire une sieste ou de retrouver un peu de temps pour elles. Si la maternité est un événement heureux, les mères peuvent parfois avoir l’impression d’avoir perdu une partie de qui elles étaient avant de devenir maman. Avec un changement aussi radical, la maternité peut sembler éclipser d’autres parties de votre identité et de votre individualité.

Nous avons discuté avec Heather Deighan, thérapeute pour Mended Pathways Wellness et membre du réseau de praticiens de Thérapie Inkblot, pour obtenir des conseils sur la relation entre la maternité et la santé mentale des femmes.

Les problèmes de santé mentale courants chez les mères 

La maternité est l’un des « emplois les plus difficiles au monde [...] il n’y a aucun guide », explique Mme Deighan. Tout change : la dynamique, votre corps et vos relations. Selon elle, on apprend son « style de maternité au fur et à mesure », et il est très différent pour chacune. Elle explique aussi que les rêves d’enfance de devenir maman sont très différents dans la salle de jeux ou la chambre d’enfant de ce qu’ils sont dans la vraie vie. Le rapport sur la santé mentale maternelle au Canada de 2019 a montré que si les mères déclarent un degré élevé de satisfaction de vivre dans leur rôle de nouvelle maman, 23 pour cent d’entre elles ont déclaré avoir eu des sentiments correspondant à une dépression post-partum (DPP) ou à un trouble anxieux. Contrairement au fameux « syndrome du troisième jour », la DPP dure beaucoup plus longtemps, souvent jusqu’à un an. Les symptômes de la DPP peuvent être difficiles à déceler chez les nouvelles mamans, car nombre d’entre eux ressemblent à des préoccupations maternelles « normales », comme le manque de sommeil. 

D’autres symptômes courants de la DPP peuvent comprendre les suivants:

  • Changement de sommeil 
  • Changements de poids et d’appétit 
  • Interrogation sur les raisons pour lesquelles vous avez mis ce bébé au monde
  • Sentiments excessifs de culpabilité et de dévalorisation pour ne pas avoir passé le temps prévu avec le bébé
  • Anhédonie, désintérêt pour les activités auparavant agréables ou désintérêt pour le nourrisson 

  Parmi les autres problèmes de santé mentale courants liés à la maternité, mentionnons: 

  • Trouble dépressif persistant (dysthymie)
  • Troubles de l’humeur et anxieux périnataux
  • Trouble de stress post-traumatique (TSPT) lié à la naissance

Comment prendre le temps de se recentrer pour comprendre ce que l’on ressent 

Mme Deighan a travaillé avec de nombreuses mères et affirme qu’elles ont souvent un point commun : « Les mères ne connaissent pas toujours les signes physiques et émotionnels qui se présentent à elles. » Elle suggère aussi qu’il peut être difficile de reconnaître le post-partum étant donné son large éventail de symptômes et d’émotions, et que les mères peuvent voir des signes de problèmes de santé mentale, comme le post-partum, même avant la naissance d’un bébé. La thérapeute fait aussi remarquer que la clé de la gestion des problèmes de santé mentale est de « se recentrer ». 

« Nous ne nous reconnaissons pas toujours parce que nous abandonnons nos propres besoins après la naissance d’un bébé », dit-elle. C’est dans cet esprit que Mme Deighan a élaboré ce qu’elle appelle ses trois étapes : Évaluer, S’adapter, et Demander, qui comprennent une série de questions visant à aider les femmes à déterminer comment elles se sentent. Cette méthode est fondée sur son travail avec des mères en détresse.

Les trois étapes d’Heather Deighan: 

1. Évaluer 

  • Qu’est-ce qui se passe ou se manifeste dans ma vie? 
  • Quels sont les signaux d’avertissement?
  • Quel est mon degré d’anxiété sur une échelle de 1 à 10?
  • Qu’est-ce que je remarque chez moi qui montre que je rencontre des difficultés? 
  • Est-ce que je remarque de la tristesse, ou est-ce que je vois des répercussions physiques?
  • Quels sont les signaux d’avertissement?
  • Est-ce que j’évite l’hygiène de base? 
  • Suis-je capable de fonctionner comme je le voudrais?
  • Comment sont mon sommeil et ma digestion?

2. S’adapter

  • Comment est-ce que je mange? 
  • Ai-je besoin d’aide? 
  • Est-ce que je fais de l’exercice?
  • Comment est-ce que je m’adapte à la maternité?
  • Dois-je privilégier une douche au lieu d’une sieste ou une sieste au lieu d’une douche? 

Rappelez-vous: une chose à la fois. Nous ne pouvons pas tout faire. Commencez par un petit pas.

3. Demander

  • Qu’est-ce que mon anxiété essaie de dire? 
  • Qu’est-ce qu’elle me demande de faire?

Demandez de l’aide! Oui, c’est difficile, mais nous en avons tous besoin.

L’expérience de la pandémie et la santé mentale des mères 

Selon la Fondation canadienne des femmes, près de la moitié des mères ont eu le sentiment d’avoir atteint un point de rupture pendant la pandémie, souffrant d’anxiété, d’inquiétude, de tristesse et de dépression. Les mères se sont vu confier (de manière inattendue) la lourde tâche de prendre des décisions difficiles pour leur famille tout en s’inquiétant de la santé mentale de leurs enfants (et de leur partenaire, si elles en ont un ou une). Non seulement les mères se préoccupaient de leur santé mentale, mais elles devaient aussi s’inquiéter de celle des autres. Mme Deighan a fait part des sentiments de chagrin qu’éprouvent certaines de ses clientes lorsqu’elles repensent aux premiers jours de la pandémie et à la difficulté que représentait l’isolement pour la vie familiale et professionnelle. « L’isolement signifiait que les enfants (de certains parents) ne pouvaient pas jouer avec d’autres enfants. Les mères ne pouvaient pas faire une pause de leurs enfants, et le fait de ne pas pouvoir accéder aux groupes de mamans en présentiel était vraiment difficile. »

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